XVIII

Le sang qui séchait sous la tunique de Ravis empestait. Quelque chose l’irritait dans l’œil gauche. Une ampoule avait crevé dans sa main, poissant de pus le manche de sa hache. Sa prise n’en était que plus forte. Une demi-douzaine de pas devant lui, Camron traçait une ligne dans le sang.

Ils se trouvaient sur les remparts, au sommet du donjon, sous le ciel gris-bleu d’une aube nouvelle. Une autre créature gisait à leurs pieds – le crâne fendu en deux par la hache de Camron. Avec son sang, Camron dessina du bout de la botte une ligne en travers des dalles. Ravis savait que c’était son sang qui rougirait la pierre sans la rapidité de Camron. Acculé, désarmé, à bout de souffle, de place et de temps, Ravis avait vu descendre la lame qui allait lui percer le flanc. Il avait aperçu son propre reflet dans le métal. Puis Camron, descendu chercher des armes dans l’escalier, avait surgi et enfoui sa hache dans le crâne de la créature, stoppant le coup à mi-geste.

Ravis examina son compagnon à la dérobée. Son visage n’était qu’une mosaïque de griffures, de bleus, de bosses et d’entailles. La moitié de son sourcil gauche était arrachée, et l’œil en dessous pleurait du sang. Voyant que Ravis l’observait, Camron indiqua la ligne qu’il était en train de tracer. « Encore à bayer aux corneilles, Burano ? »

Ravis sourit. L’opération fut plutôt douloureuse et rouvrit au moins deux plaies sur son visage, mais cela en valait la peine. Camron de Thorn en valait la peine.

Sous le sifflement du vent et le grondement de la mer, un troisième son, plus insistant, se fit entendre : des bruits de pas qui montaient d’en bas. Les dernières créatures arrivaient.

Camron repassa derrière la ligne et vint se placer près de Ravis. Les deux hommes levèrent leurs haches en travers de leur poitrine. Ravis ignorait combien d’adversaires il leur restait – après la première douzaine, il avait cessé d’en tenir le compte. Il ne savait pas davantage quelles armes ils auraient, ni dans quel état ils seraient. Il savait juste que c’était bon d’être là avec, plusieurs étages plus bas, une femme valant la peine de se battre pour elle, et près de lui, un homme valant la peine de se battre à ses côtés.

Il ne demandait rien de plus.

Mordillant sa cicatrice tout en regardant la ligne tracée par Camron sécher et virer au brun dans l’air tiède et salé, Ravis se demanda si Malray n’aurait pas eu raison depuis le début. Peut-être ne serait-il jamais rien d’autre qu’un guerrier.

Subitement, cette perspective ne lui paraissait plus aussi épouvantable. Une fois cette affaire terminée, peut-être enverrait-il une lettre à Malray. Il pourrait lui proposer une trêve.

À cet instant, la porte des remparts s’ouvrit violemment et les créatures d’Izgard chargèrent sur le toit, charriant les dernières traces de nuit avec elles. La gueule bardée de crocs, le museau saillant, elles siphonnèrent l’air frais venu de la mer pour le remplacer par leur propre puanteur.

Ravis et Camron échangèrent un regard. Ils attendirent que les créatures franchissent la ligne de sang, puis se portèrent à leur rencontre.

 

Tessa traça la dernière ligne de sang sur le quatrième panneau. Fermant les yeux, elle banda ses muscles et se prépara au choc de la libération.

En vain. La voûte rocheuse grinça, lâcha un peu de poussière, mais le sol ne trembla pas et l’air demeura immobile. Il n’y eut aucun signe du moindre changement.

Tessa laissa retomber le menton sur sa poitrine. Jetant un coup d’œil à Emith, elle avoua : « Je ne comprends pas. Les quatre liens ont été rompus. Ilfaylen écrivait dans sa lettre que je devrais me rendre en quatre endroits – et j’y suis allée, mais pourtant, la Ronce est toujours là. Je la sens.

— Hmm, dit Emith. Êtes-vous certaine d’avoir tout bien fait comme il le fallait, demoiselle ? Il a pu vous manquer des forces. »

Tessa secoua la tête. Elle baignait dans le pouvoir. La grotte en était imprégnée. Où que puissent être Camron et Ravis, quoi qu’ils fassent, leurs émotions étaient si fortes que Tessa les sentait peser sur ses épaules comme un manteau d’hiver. Il y avait une nouvelle source de pouvoir, également. Une autre personne – très loin, mais proche néanmoins – en train de changer, de se battre, de se transformer. Le corps de Tessa puisait des forces auprès des trois.

Mais à quelle fin ? Les chaînes de la Ronce auraient dû se rompre. Son travail devrait être accompli.

Épuisée, frustrée, les nerfs mis au supplice par ses brûlures à la paume, Tessa fit le geste d'ôter sa bague. Ses mains tremblaient trop, cependant, et en tirant sur l’or, elle ne réussit qu’à s’enfoncer les barbillons dans la peau. Un sang frais se remit à couler à la base de son doigt. Elle frappa le sol de la caverne du plat de la main. La bague refusait de s’enlever.

« Venez, demoiselle. Reposez-vous cinq minutes. » Emith la tirait par le bras. « Laissez-moi bander ces brûlures. »

Le cuir chevelu de Tessa la démangeait. Elle perçut à peine la dernière phrase d’Emith.

Cinq minutes.

Cinq.

Les paroles d’Avaccus résonnèrent à son oreille : Il y a du pouvoir dans le chiffre cinq. Un pouvoir très ancien, taillé à la convenance des choses anciennes.

Tessa eut l’impression de les entendre pour la première fois. Son pouls s’accéléra. Elle se pencha pour étudier la copie d’Ilfaylen. Le scribe croyait avoir lié la Ronce d’or à quatre reprises. Mais si l’enluminure entière formait en réalité un cinquième lien, sans qu’il n’en ait rien su ?

Rejetant la tête en arrière, Tessa ferma les yeux, inspira longuement et compta jusqu’à cinq. Elle n’avait d’autre choix que de poursuivre. « Je vais avoir besoin d’autres pigments, Emith, ainsi que d’un pinceau propre. » En disant cela, elle prit conscience que sa voix traînait sur les mots. Elle était éreintée. Elle ne se rappelait plus la dernière fois qu’elle avait dormi. « Je vais peindre un dernier panneau. Au milieu.

— Êtes-vous certaine que ce soit prudent, demoiselle ?

— Celui qui tentait de m’arrêter ne le fera plus. » Tessa frissonna. « Il est mort. »

Emith ravala un petit cri. « Je vais préparer les pigments. »

Tessa attendit. Elle sentait son corps s’alourdir, se ralentir, se remplir de force. Tel un aimant attirant des paillettes métalliques, la bague aspirait le pouvoir, le fixait sur les os de Tessa, la préparant ainsi à la tâche qui l’attendait. Deux éphémères jumelles, avait dit Avaccus. La bague est la sœur de la Ronce d’or, et se sert de vous afin de la libérer. En sentant la douleur qui puisait à la base de son doigt et les barbillons qui lui piquaient l’os, Tessa sut qu’il avait raison. Le scribe d’Izgard en avait appris la vérité à ses dépens. La colère de Tessa lui avait juste montré la voie ; la bague avait fait le reste.

« Tenez, demoiselle. » Emith lui tendit deux coquilles remplies de pigments noir et or. « Je les ai préparés très fins, de manière à ce qu’ils s’étalent bien. »

Tessa prit les pigments. À voir Emith maintenant, il était difficile de se rappeler comment il avait massacré la créature deux heures plus tôt seulement. Il n’avait plus de sang sur les joues ni sous les ongles. Il avait trouvé moyen de repriser, de couvrir ou de recoller les déchirures de sa tunique et avait brossé la poussière dans ses cheveux. Néanmoins, en dépit de son apparence calme et soignée, ses mains tremblaient encore en lui remettant les coquilles.

Les propres mains de Tessa avaient la peau raide, brûlée ; son estomac lui semblait lourd et tranchant comme un éclat de roche. Accroupie devant l’enluminure, elle chercha à visualiser la Ronce d’or. Une image lui vint aussitôt, éblouissante, comme si elle regardait le soleil en face. Son pinceau lui semblait encombrant mais, en dépit des brûlures, de la peur et du poids, elle ne le laissa pas échapper.

La première touche de pigment sur la page fit trembler le sol de la grotte. Un courant d’air frais balaya la poussière. La lumière des bougies se renforça. Le grondement de la mer devint plus fort, plus insistant. On aurait dit un cœur qui bat.

Puisant sa force à de multiples sources, ramenant constamment les yeux à la copie d’Ilfaylen pour mieux s’en inspirer, Tessa peignit. Il y avait du pouvoir dans le chiffre cinq. Elle le sentait s’accumuler dans les os de son poignet.

 

Mersall de Vailing dormait du sommeil du juste. Quand une secousse ébranla la cité de Bay’Zell, faisant trembler sa maison et son lit, cela ne réussit qu’à le bercer. Il rêvait qu’il se trouvait à l’intérieur d’une bourse géante à la ceinture d’un homme très riche. Il ne se réveilla pas. À l’étage, l’une de ses lanternes coiffées de verre – qui continuait à brûler suite à l’oubli de sa servante, aussi écervelée que ravissante – dégringola par terre et se brisa. Cela ne le réveilla toujours pas. Pas plus que quand l’huile enflammée se répandit sur son bureau, mettant le feu à sa dernière page de calculs – un petit diagramme destiné à montrer à ses clients les plus précieux que l’occupation ennemie n’aurait pas nécessairement d’effet négatif sur leurs investissements. De même, lorsque les flammes gagnèrent les rideaux et les murs, et que l’étage entier se remplit de fumée, Mersall continua à dormir comme un nourrisson. Sa bourse géante était si confortable...

Ce fut seulement quand la fumée commença à se glisser sous la porte de sa chambre, et les que les flammes de l’étage supérieur apparurent à travers le plafond, que Mersall s’agita enfin. Et à ce moment-là, bien sûr, il était trop tard.

 

Des nuages noirs roulaient dans le ciel, changeant la maigre lueur de l’aube en nuit. La terre gronda, provoquant l’effondrement des tentes à demi construites et des corrals. Izgard entendit les ouvriers s’interpeller, crier des mises en garde et des jurons, spéculer sur la cause du phénomène. Tous convenaient qu’il s’agissait d’un mauvais augure.

L’air empestait le soufre. L’obscurité elle-même semblait teintée de jaune. Izgard n’aimait pas cela du tout. Il s’éloigna du campement, la Ronce d’or pressée contre sa poitrine. Soldats et nobles s’approchèrent de lui, mais il les renvoya. Il ne voulait pas les voir. Pour croiser leur regard ne serait-ce qu’un instant, il aurait fallu quitter la Ronce des yeux.

Les barbillons le faisaient de moins en moins saigner. La douleur qu’il ressentait devenait plus sourde, moins palpable. Puis il n’y eut plus de douleur du tout.

Izgard tomba à genoux, étreignant sa couronne. La Ronce d’or était légère comme une ombre. Son miroitement doré s’estompa sous ses yeux. Ses longues boucles brillantes cessèrent de refléter le monde extérieur et se mirent plutôt à refléter quelque chose d’intérieur. Quelque chose de sombre et d’inévitable, comme la mort.

La foudre fendit le ciel. Le sol se dressa et retomba sous les pieds d’Izgard. Des sauterelles et d’autres insectes s’envolèrent. Un son, semblable au hurlement d’un animal piégé au fond d’un tunnel ou d’un puits, déchira les ténèbres.

La Ronce d’or clignota une fois, puis disparut.

« Non ! hurla Izgard, griffant le vide laissé par sa couronne. Non ! »

 

Angeline ôta les épingles de ses cheveux et secoua ses mèches dorées. Elle défit les attaches de son manteau et le laissa tomber par terre tout en marchant. Les soldats la fixaient. Les ouvriers la hélaient. Un seigneur s’offrit à la raccompagner jusqu’à sa tente. Elle les ignora tous. Peut-être s’imaginaient-ils que les coups infligés par son époux l’avaient laissée hébétée, ou qu’elle avait subitement perdu la tête. Elle s’en moquait.

Ce n’était pas difficile de marcher, pas vraiment. Elle avait le bras cassé, ainsi qu’une ou deux côtes. D’autres douleurs à la tête ou à la mâchoire l’ennuyaient davantage, mais elle savait que son père aurait considéré comme une lâcheté de s’abandonner à la souffrance. Alors elle n’en fit rien. Elle ne s’était même pas changée, quoiqu’elle ait nettoyé le sang sur sa robe dans la mesure du possible. L’eau dans laquelle elle s’était lavée avait rapidement viré au rouge et, au bout d’un moment, elle avait évité de la regarder.

La flasque qu’elle tenait lui gardait les mains au chaud. Le bouchon était bien serré pour conserver la chaleur de la boisson. Angeline se demanda pourquoi elle avait si froid, car l’air environnant était humide et moite, comme avant un orage d’été. Elle haussa les épaules. Peut-être était-ce l’acier dans ses os de Halmac.

Elle sortit du camp et s’enfonça dans les hautes herbes. Elle ne songeait à rien en franchissant les murets de pierres blanches et les champs de blé jaune. Penser n’aurait servi qu’à l’affaiblir.

Elle finit par le repérer, couché face contre terre à l’ombre d’un hêtre. La Ronce d’or l’avait quitté – elle le sut avant même d’être suffisamment près pour le constater de ses yeux. Ses épaules tremblaient, et des sons étranges – pas tout à fait des mots – s’échappaient de sa gorge. Il était couvert de différentes sortes de sang, et ses ongles étaient noirs de crasse.

Il leva les yeux à son approche. « Angeline ? » Sa voix était douce, distraite. Elle avait amené le soleil avec elle, et il plissa les paupières pour la dévisager. « Je l’ai perdue. »

Angeline hocha la tête. « Je sais.

— Et Ederius ?

— Il est mort. »

Izgard ferma les yeux. « Que Dieu me pardonne. »

Angeline s’agenouilla auprès de lui. Les yeux de son époux étaient clairs désormais, et les contempler lui faisait de la peine.

Il leva le bras pour lui caresser la joue et dit : « Ma belle Angeline. Mon ange. Qu’ai-je fait ? »

Sa main était douce. Angeline se sentit réagir malgré elle à son contact. Elle se reprit. « Je vous ai apporté quelque chose, mon seigneur, dit-elle en indiquant la flasque. Un peu de mon infusion spéciale de lait d’amandes au miel. J’en préparais toujours à mon père lorsqu’il ne se sentait pas bien. » En disant cela, elle ôta le bouchon de la flasque, laissant l’arôme du miel et des amandes remplir l’espace entre eux. « Je vous ai même amené une coupe. »

Izgard lui caressa la joue, puis les cheveux, pendant qu’elle lui versait à boire. Des larmes brillaient dans ses yeux. « Ederius », fit-il doucement. Puis : « A-t-il beaucoup souffert ? »

Angeline ne répondit pas. Elle essaya de dénouer le nœud qu’elle avait dans la gorge, mais en vain. Elle lui tendit la coupe pleine. « Mon seigneur », dit-elle.

Il la regarda dans les yeux. « N’allez-vous pas vous joindre à moi ? »

Tout ce qui se bousculait à l’intérieur d’Angeline flancha. Son souffle se bloqua dans sa gorge. De la sueur se forma sur la paume de sa main tendue, comme une rosée. Incapable de penser à Ederius et Boule de Neige – la douleur était trop fraîche, trop vive –, elle pensa plutôt à son bébé. Sa main libre se posa sur son ventre et elle trouva la force d’affronter le regard de son époux. « Peut-être en prendrai-je une gorgée tout à l’heure, mon seigneur. Vous en avez davantage besoin que moi. »

Izgard hésita.

« Douteriez-vous de votre propre épouse, mon seigneur ? s’enquit Angeline en lui tendant la coupe d’une main ferme. Je l’ai préparée de mes mains. »

Après ce qui parut une éternité, Izgard tendit la main. Leurs doigts se touchèrent brièvement, puis il porta la coupe à ses lèvres. Il but sans quitter Angeline des yeux un seul instant. Elle soutint son regard jusqu’au bout. Au fond d’elle son cœur battait à tout rompre, et une nausée terrible lui tordait l’estomac, mais extérieurement elle demeura très calme. Pour Boule de Neige. Pour Ederius. Pour son bébé.

Lorsqu’il eut fini de boire, Izgard s’allongea dans l’herbe. Il bâilla.

« Reposez-vous, lui dit Angeline. Je veillerai sur votre sommeil. »

Izgard acquiesça. Il ferma les yeux et s’endormit en quelques minutes.

Après avoir écouté un moment le rythme de sa respiration, Angeline se releva péniblement. Il était temps de partir. Elle ignorait le temps qu’il faudrait au blanc d’arsenic d’Ederius pour agir, et l’idée d’entendre les cris de douleur d’Izgard lui était insupportable. Ramassant la flasque dans l’herbe, prenant garde à ne pas renverser une seule goutte du liquide laiteux sur sa peau, elle remit le bouchon en place, glissa la flasque dans sa ceinture puis tourna les talons et s’éloigna.

À travers les champs, la forêt de hêtres, les marais salants, sous le soleil qui se levait et dans l’air qui se réchauffait, elle marcha jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à ce que ses os brisés lui transpercent la peau, que sa mâchoire enfle à tel point qu’elle ne parvienne plus à ouvrir la bouche pour respirer, que le souvenir de serrer le corps sans vie de Boule de Neige entre ses bras s’estompe enfin. S’écroulant parmi les crabes fantômes, les papillons-tigres et les herbes folles, sur une bande de terre blanchie de sel, Angeline se roula en boule douloureuse pour se reposer. Elle ne pouvait plus faire un pas, ne parvenait plus à penser, n’aurait su dire si ce qu’elle avait fait était bien ou mal.

Fermant les yeux, elle se laissa glisser avec délices dans les ténèbres en s’imaginant de retour à Castel Halmac, avec son père et Boule de Neige, assise en sécurité au coin du feu. Elle aurait souhaité de tout son cœur se trouver là-bas. Gerta avait raison. Il n’arrivait jamais rien de bon à une dame lorsqu’elle se trouvait dehors.

La Peinture De Sang
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